Depuis quelque temps, je m'intéresse à la pensée d'un célèbre philosophe moustachu :
Nietzsche !
J'ai décidé d'acheter ses livres.
En parcourant Humain, trop Humain, un pavé dans lequel il parle des vices et aveuglements de la société, je me suis arrêté sur cette maxime :
Nietzsche questionne l'authenticité et la communication dans la société.
1. Se faire l’avocat du diable !
Il pointe du doigt la fausse modestie et s'oppose à l'idée commune que l'effacement de soi ou la réticence à parler de ses propres expériences et de ses propres convictions est nécessairement une vertu.
La thèse de Nietzsche c’est :
Si tu ne parles pas de toi, tu ne révèles rien sur ta personne, tu ne dévoiles pas tes vices... et tu peux même laisser planer le doute que tu es plein de vertus tout en réalisant des critiques d'autrui, fondées sur une valeur que tu contredis toi-même.
C'est faire preuve d'hypocrisie.
J'aime bien l'étymologie de ce terme parce que dans l'Antiquité, il renvoyait aux acteurs et à leurs jeux puisqu’ils faisaient semblant.
Cela marque une dissonance entre l'apparence et la réalité.
2. Réel vs Virtuel
En tant que créateur de contenu, je me confronte d'autant plus à ce contraste en travaillant sur les réseaux.
Pour captiver l'attention, ce que je produis doit ressembler à ce qui plait sur la plateforme...
Et ça j'en ai marre !
J'en ai parlé récemment dans une de mes vidéos :
Devoir aller toujours plus vite, alors que j’estime les vertus de la patience.
Devoir dire des trucs toujours plus choquants, faire des miniatures aguicheuses, des titres putaclics ou encore parler de porno, alors que le cœur de mon sujet ne nécessite pas toujours de les faire intervenir.
3. Le jeu est NUL
Ai-je vraiment le choix de suivre mes propres règles, ou du moins mes propres valeurs que j'ai dans la réalité ?
La réalité, celle sur les réseaux, est tout autre : soit t’acceptes ces règles, soit tu changes de jeu !
Moi, je n’ai pas envie de changer de jeu, mais ça ne m'empêche pas de réfléchir dessus.
Et paradoxalement, je pense que les réseaux sont également le terrain de croissance de l'abolition de l'hypocrisie, la porte ouverte à notre vraie nature... mais pas dans le bon sens.
C’est-à-dire que le virtuel produit une distance qui révèle cette hypocrisie.
C’est par exemple le champ libre aux “haters” qui n’ont plus à se cacher.
4. Parle de toi aux autres !
Nietzsche, tout au long de ses écrits, a plaidé en faveur de l'authenticité et du rejet des conventions sociales et morales qui inhibent la pleine expression de soi.
Il voit souvent la morale traditionnelle et la conformité sociale comme des formes d'hypocrisie, et il encourage les individus à être plus honnêtes envers eux-mêmes et envers les autres.
Ce n'est pas le seul philosophe à guider son lecteur vers la voie de l’authenticité.
Entre 384 et 377 avant notre ère, Platon a écrit La République.
Dans son « Livre VI », il écrit que le menteur ne cesse de changer qui il est en fonction de l'interlocuteur qui se trouve face à lui.
Cette métamorphose est une dépossession de soi.
C'est en cela que je trouve qu’il n'est pas hypocrite de parler de moi.
J’affirme mon identité et reste fidèle à moi-même, face à mon interlocuteur.
Et surtout, je demeure en adéquation avec mes propres valeurs !
5. IronieTZSCHE
Ce serait trop facile si on s'arrêtait là !
Nietzsche était connu pour son style d'écriture ironique et provocateur, et cet aphorisme ne fait pas exception !
Alors on peut comprendre que Nietzsche nous révèle que certains, parmi ceux qui se taisent, sont nobles et se dissimulent pour éviter de faire l'objet de l'évaluation sociale.
Ce qui va de pair dans l'éthique de la noblesse chez Nietzsche, avec le pathos de la distance.
Son idée est qu'il faut savoir se taire et taire qui l'on est auprès de ceux qui ne méritent pas de nous tutoyer.
6. Pour vivre heureux, vivons cachés...derrière une moustache !
Nietzsche livre dans Aurore la raison pour laquelle il porte une moustache :
« Nous oublions trop facilement qu’aux yeux des étrangers qui nous voient pour la première fois nous sommes tout autre chose que ce que nous pensons être nous-mêmes : et généralement nous ne sommes rien de plus qu’une particularité qui saute aux yeux et détermine l’impression d’ensemble.
Ainsi le plus doux et le plus équitable des hommes n’a qu’à porter une grosse moustache, et il pourra en quelque sorte s’asseoir à son ombre, et s’y asseoir en paix, – les yeux ordinaires voient en lui l’accessoire d’une grosse moustache : à savoir un caractère militaire, prompt à s’échauffer, violent à l’occasion – et ils se comportent avec lui en conséquence. »
Parfois, il faut se donner un certain air pour ne pas susciter l'intérêt d'autrui.
Et même si je ne porte pas de moustache, je vois très bien de quoi il parle.
Il y a plus d’un an je me suis rasé la tête.
Le changement était immédiat.
Les gens ne s'adressaient plus à moi de la même manière.
Les filles ne me considéraient plus directement dans un rapport de séduction.
J’en avais gardé la conclusion que l’image que j’avais de moi-même est influençable.
En prenant le contrôle de mon apparence, je maitrise et j’anticipe également le comportement des gens envers moi-même !
Pour conclure, on parle toujours de soi, même quand on prétend ne pas en parler.
C'est en ce sens que c'est hypocrite de croire qu'en ne parlant pas de soi on va cacher quoique ce soit, parce qu’en réalité on révèle quelque chose de soi, quoiqu'on dise et quoiqu'on fasse !
Toujours d'une grande qualité Dali ! Hyper intéressant, surtout la dernière partie qui est assez parlante. Ça fait réfléchir... et j'aime ça 👍
Très intéressant 👍,
On sent que sa t'intéresse vraiment quand tu postes sur ta news letter❤️